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Daftworld

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Bienvenue sur le blog du plus grand fan Officiel de DAFT PUNK !!!


Sébastien Tellier: "Une fois, je sortais d'un restaurant avec Guy-Man des Daft Punk. Et eux ils ont des fans purs et durs. Un fan l'attendait à la sortie, il était en transe, complètement daft. Guy-Man n'a rien pu lui dire d'autre que: "hé, mais garde ton argent pour ta famille". "

Publié par daftworld sur 27 Mai 2014, 15:53pm

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Papa depuis un an, il a mis frein à sa consommation d'alcool et dit vouloir revenir aux vraies valeurs. Il n'en reste pas moins merveilleusement décalé. Nous l'avons rencontré dans un resto de la capitale. Il nous parle notamment des "Cités d'Or", de son ours en peluche, des femmes à barbe, de ses soirées arrosées avec Kavinsky et de la qualité de l'herbe serbe. Succulent.

Sébastien, pourquoi le Brésil comme thématique de ce nouvel album? Ce n'est quand même pas pour surfer sur la vague de la Coupe du Monde?

Sébastien Tellier: "Non. Enfin, même si je vais le faire. Je ne peux pas me priver de ce splendide tapis rouge qui m'est offert. Mais le Brésil, c'est simple. C'est parce que la musique brésilienne est complexe, difficile à faire, et au service d'un ressenti très léger. Pour l'auditeur, c'est très doux et très digeste. C'est ce que j'ai toujours voulu être. J'ai fait un premier voyage au Brésil. En écoutant de la musique sur place, je n'avais pas la même saveur qu'en France. C'est égocentrique ce que je vais dire, mais c'est moi que je voyais. Beaucoup de complexité et de travail pour un résultat juste entertainment, que la chanson soit heureuse ou triste. C'est ça que je recherchais depuis toujours. Je n'avais jamais réussi à me définir et, à la musique brésilienne, j'ai vu un miroir. Les premiers accords de guitare que j'ai appris, c'était avec mon père. On a toujours dit qu'il avait fait partie de Magma, mais ce n'est pas vrai. Il a joué avec eux, avant que Magma existe. Il était pote avec ces mecs, quand il était ado. Je ne viens pas du tout du show-business ou quoi que ce soit. Moi, je suis de Cergy-Pontoise, la banlieue lointaine de Paris. Et donc mon père, qui avait la passion des accords complexes, m'a appris les accords bossa nova. Je les connais depuis que je suis tout petit, puisque j'ai eu ma première guitare alors que j'avais six ans. En entendant cette musique brésilienne, je me suis dit "ohlala, c'est tout moi", tout en me disant que j'avais déjà les outils. Quand j'essaie une guitare, ce sont des accords bossa nova qui me reviennent. Pour la main gauche, c'était très facile. Après, pour la main droite, c'était plus compliqué car je n'avais jamais travaillé la rythmique. Cela m'a demandé beaucoup de travail pour que ça fasse vraiment ce côté seventies, chaleureux, coucher de soleil. J'ai mis un temps fou. Je suis allé au Brésil pour enregistrer. C'est vraiment le disque d'un Français qui rêve du Brésil. Comme tous mes autres sujets, j'ai traité le Brésil avec naïveté, avec des clichés. Pour moi, c'est une façon de rester enfant, de rester naïf en fait. Quand on pense au Brésil, on pense aux belles plages, au coucher de soleil, à la nature luxuriante,... les bases quoi. C'est comme si j'avais écrit le scénario chez moi et que je devais encore tourner le film. Je n'avais pas envie d'aller dans un studio de banlieue, avec un faux décor de brésil et des faux palmiers. J'ai fait tout ça à Rio. J'ai travaillé avec Arturo Verocai, qui est un énorme arrangeur brésilien. Son nom est peu connu car il a sorti un seul album en 1971, autant dire qu'il ne caracole pas dans les charts. Mais c'est un maître. Il a arrangé énormément de tubes brésiliens et il a fait des campagnes de pub, notamment pour Coca-Cola."

Ressentira-t-on tout ça lors de la tournée?

"Ah oui, bien sûr. J'ai fait un effort... je suis d'ailleurs beaucoup dans l'effort pour le moment. Je vais reprendre les chansons qui me semblent les plus pertinentes dans mon répertoire, mais transformées à la brésilienne, que ce soit "Cochon Ville", "L'Amour et la Violence", ou même "La Ritournelle". Je vais les refaire en version ensoleillée. Ce sera "parfum Brésil", car ce n'est pas non plus de la musique traditionnelle. C'est comme "La Croisière s'amuse" avec 10.000 ecstas dans la tête. Même si je déteste les ecstas, ça m'a toujours donné des bad trips. J'ai souvent eu peur du public. C'est compliqué dans ma tête. Au fur et à mesure des concerts, je me suis aperçu que mon public était super sympa, qu'il avait un regard intelligent, un bon petit style. Pendant la tournée de "My God is Blue", comme je jouais le rôle d'un gourou spaghetti, j'étais obligé d'être un peu distant pour créer cette espèce d'aura. J'ai adoré faire cette tournée, mais j'étais hyper frustré car il n'y avait aucun rapport avec les gens. Sauf quand j'arrêtais le concert et que je partais en grand delirium. Maintenant, j'ai envie de partager dès le départ. Ce sera plus intimiste, même si ça ne veut pas dire que ce sera gnangnan et peu spectaculaire. Sur "My God is Blue", il y avait aussi beaucoup d'ordinateurs, vu qu'on ne pouvait pas tout faire à trois. En plus, ce n'était pas très intéressant à jouer, style des bruits de vent dans le fond, des percussions faites par ordinateurs,... Cette fois, je m'en passerai complètement. Comme tout ne sera pas programmé, il y aura plus de liberté. Je pourrai jouer ce que je veux, dans l'ordre que je veux, en fonction du ressenti. Je suis quand même là pour faire plaisir aux gens qui ont payé leur place."

L'album est donc plus accessible?

"Je l'espère. Bon évidemment pas la chanson de 15 minutes "Au Revoir Oursinet", à laquelle la petite mamy ne va peut-être pas adhérer. Mais effectivement, j'ai mis des couplets-refrains. J'aime bien surprendre, mais pas par la structure de la chanson. Je l'ai tellement fait avec "La Ritournelle", "L'Amour et la Violence" et j'en passe et des meilleurs. J'ai tellement utilisé cette ficelle, ça suffit. Je retourne vers le format pop, car je sais que c'est ce qu'aiment les gens. C'est agréable à l'heure de l'apéritif, le petit coucher de soleil,... on n'a pas envie de se prendre la tête avec un truc à la Wyatt, qui est pourtant mon musicien préféré. Il faut quelque chose de simple. A part "Sexuality", je n'ai fait que des albums archi-nombrilistes et ça c'est fini. Ce n'est plus ça qui me rend heureux artistiquement. J'ai à chaque fois besoin de me remotiver, de trouver un nouveau concept. Je produis moi-même l'album. C'est génial, je reviens aux affaires. Cela fait sept ans que je suis assis sur un canapé à dire "j'aime" ou "j'aime pas". Je refais enfin ma musique, comme sur le premier album. J'ai l'impression que c'est ce que les gens attendent depuis le début. Mon public n'aime pas quand je me cache. Ils ont du respect pour les vraies valeurs, pas pour les gros nigauds qui se font enfler. J'ai un fils, qui vient d'avoir un an et ça a tout changé. Avant, je pouvais faire ou dire n'importe quoi, j'étais un électron libre. A part sur ma carrière ou sur mon ego, ça n'avait aucun impact. Mais maintenant, j'ai des valeurs à transmettre. Je ne peux pas dire à mon fils: "fais ça, tu te feras un max de pognon et tu auras l'air hyper cool". Je veux montrer l'exemple. C'est pour ça que je chante en français. Chanter en anglais avec l'envie de conquérir le monde, c'est complètement pourri. Le travail de l'artiste, c'est d'exposer son âme et je ne peux pas mieux le faire qu'en français. Mon rapport au monde a changé, il y a eu comme une implosion. Mon fils, je ne veux pas lui mettre des faussetés et des erreurs dans les oreilles. Je suis désormais prisonnier, et tant mieux, de devoir faire des vraies oeuvres, sinon je vais passer pour un con auprès de ma famille."

Tu as fait un album sur la sexualité, ensuite sur l'initiation et maintenant sur l'enfance. Ne serais-tu pas en train de tout faire à l'envers par rapport au cycle de la vie?

"Oui, mai c'est ça le travail de l'artiste! On part d'oeuvres réalistes, et on évolue vers le naïf. C'est ça que j'aime chez Van Hecke, chez Picasso, chez Dali. L'objectif est de parvenir à créer une oeuvre délestée de cynisme, de degré, de position sociale. Tout ça n'existe plus, l'art est au-dessus de tout ça. Il n'y a pas d'autre solution que l'art naïf. C'est peindre ce que rêverait de peindre un enfant, avec la technique d'un adulte. C'est la solution pour être pertinent jusqu'à la mort. J'ai rencontré des gens dans ma vie, comme Jean-Michel Jarre ou Jean-Baptiste Mondino. Ils sont plus âgés que moi. Mais ce que je trouve admirable, c'est qu'ils ont réussi à vieillir comme je rêverais de vieillir. Jean-Michel Jarre a encore l'air jeune, on rigole avec lui, il connaît tout ce qui se passe. Il connaît bien mieux la musique moderne que moi. Et puis Mondino pareil, c'est quelqu'un qui est resté très alerte, très jeune. On dirait un énorme bébé, habillé en rappeur. Complètement cool le mec. Et puis il y a Christophe aussi, le chanteur. Grâce à ces gens-là, j'ai une vision de ce que je voudrais être plus tard. Je me prépare. C'est con, mais les excentriques sont toujours en train de penser à l'avenir, il n'y a pas plus calculateur. C'est un cliché total mais on n'a qu'une vie, et elle passe hyper vite. Il faut préparer les trucs. Je ne parle pas de se prendre la tête, ce n'est pas aller travailler à la mine hein. C'est juste prendre le temps de se mettre sur son canapé, une demi-heure par semaine. Cette société dans laquelle on vit, elle est très cruelle car elle ne laisse pas le temps de réfléchir. La compétition et l'efficacité sont les grandes valeurs. C'est tellement dommage qu'on en soit là. C'est pour ça aussi que j'ai fait "My God is Blue", même si c'était du grand n'importe quoi, pour dire aux gens de prendre un peu de temps pour repenser à Dieu. Les gens de Los Angeles, qui ont de l'avance sur l'Occident, sont en avance au niveau de la spiritualité. On voit toujours LA comme une ville superficielle, mais il y a plein de gourous, de libraires spirituelles,... ils sont hyper ouverts, ils ont déjà un pied dans le futur. Ce retour à la spiritualité arrivera chez nous, mais il faut être patient car on a 15 ou 20 ans de retard."

Que reste-t-il de l'Alliance Bleue?

"Bin rien, l'Alliance Bleue a fini sa vie en déchèterie. Au début, c'était hyper marrant. Après, je suis devenu prisonnier de mon personnage, c'était fatigant. J'ai eu un déclic après un concert à Toulouse. Je me dirige vers mon tour-bus, devant lequel des jeunes m'attendent. Ils étaient hyper cool, mais ils étaient habillés et maquillés en bleu. Ils m'avaient même roulé des joints bleus. J'ai commencé à discuter avec eux, et ils y croyaient vraiment. Quand je disais que pour ne pas avoir l'impression de travailler il fallait penser que ton entreprise est un chamallow géant, ils y croyaient. Je ne pensais vraiment pas qu'on pouvait y croire. Même si c'est vrai que je saupoudrais toujours ça d'un soupçon de vérité car j'ai un esprit pervers. Je suis toujours à la limite. Là, j'ai compris que ça pouvait les démolir, qu'ils dépensaient tout leur blé pour me suivre en concert, qu'ils étaient décollés de la réalité. C'était malsain. je suis rentré dans le bus. J'ai mangé un Twix. Au moment d'avaler la deuxième barre, je me suis dit: "l'Alliance Bleue, c'est fini". J'ai même failli avoir des problèmes de justice car en France, les sectes voilà quoi... Une fois, je sortais d'un restaurant avec Guy-Man des Daft Punk. Et eux ils ont des fans purs et durs. Un fan (Daftworld) l'attendait à la sortie, il était en transe, complètement daft. Guy-Man n'a rien pu lui dire d'autre que: "hé, mais garde ton argent pour ta famille". Le fanatisme à ce point, ça fait peur. Je cherche plus un rapport de connivence intellectuelle que du vrai fanatisme."

Sur l'album, tu parles des "Mystérieuses Cités d'Or" et de ton ours en peluche. C'était ça ton enfance?

"Oui, mes meilleurs souvenirs c'est quand je consommais des fictions le mercredi après-midi comme "Candy" ou les "Cités d'Or". Les autres jours pour moi c'était pénible. Ouais, les "Cités d'Or" et cette mélodie (il se met à chanter le générique), c'est exactement ce que je mets dans l'album. Je marche beaucoup à la référence. Dans ces génériques, il y avait beaucoup de synthés. Quand Jean-Michel Jarre m'a prêté son studio, c'était la caverne d'Ali Baba. J'étais comme un gamin dans un magasin de jouets."

Quand tu vois le résultat récent de l'Eurovision, tu ne te dis pas que la mode de la barbe est arrivée trop tard pour toi?

"Ah ah ah. Il y a des années, j'avais eu des femmes à barbes comme choristes, mais ça avait eu moins de succès! Comment définir le public de l'Eurovision? Ce ne sont pas des beaufs mais... ce sont des gens qui vivent très loin de l'univers de la musique. "Beauf", c'est réducteur et méchant,... disons la populace quoi. Une chanson qu'on a entendu mille fois, ils votent pour ça. Mais un homme-femme avec de la barbe, ça je ne pensais pas. En fait, les gens aiment un chanteur excentrique mais qui chante des choses très simples. Cela m'a donné des idées commerciales."

Comment t'es-tu retrouvé dans ce grand cirque?

"C'est simple, on m'a appelé. Certains pays font des concours internes. En France, c'est France 3 qui propose. Ils m'ont appelé et j'ai dis "oui" tout de suite. Il faut dire que c'est le show le plus regardé au Monde. 170 millions de personnes devant leur téléviseur, ça a directement clignoté dans ma tête. Mais bon, je n'ai pas le même profil que les chanteurs de l'Eurovision en général... je ne sais d'ailleurs pas où ils vont les pêcher les mecs hein. Des gars avec des ailes d'ange, des larmes de sang,... on ne comprend pas. Ils doivent les trouver dans ces cirques ou dans des cabarets comme chez Michou. L'Eurovision, c'était un grand n'importe quoi mais c'était comme un écrin pour moi. J'aime bien être unique. C'était une façon d'être à part mais devant tout le monde. C'était finalement logique par rapport à ce que je fais d'habitude. Et puis c'était marrant. Je conduisais ma voiturette de golf en backstage, mais j'étais ivre mort. A l'Eurovision, les mecs de l'organisation sont hyper bornés. Je pense que ça doit même être plus relax aux Jeux Olympiques. Déjà, interdiction d'amener de l'alcool dans l'enceinte du spectacle. On avait donc rempli de cognac des bouteilles de jus de pomme. C'était trop marrant. En plus, on avait fumé plein de weed. En Serbie, elle est fantastique. Les Serbes le disent hein, ça les a vraiment aidés à sortir de la guerre et du malheur. Les Serbes, ce sont des gros fumeurs de weed, et ils ont bien raison. Je me suis bien amusé. Franchement, j'aurais adoré terminer premier... même si j'aurais dû rechanter à la fin, et ça j'en aurais été parfitement incapable. Non, franchement, je n'aurais pas pu. L'alcool fort, j'ai d'ailleurs arrêté. Je n'ai plus envie de me mettre dans des états pas possibles. Je prône la tendresse, mais au fond de moi je suis un sauvage qui se contrôle. Mais dès que je bois, le sauvage il remonte. Donc je ne bois plus, ou alors très peu. Car j'ai l'alcool mauvais. Il y a peu de temps, j'ai d'ailleurs failli étrangler Kavinsky. Pourquoi? Je ne sais plus, je ne me souviens de rien, mais lui oui..."

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