À Pont-Saint-Maxence, le nom des Daft Punk résonne un peu comme une légende urbaine. « Tout le monde en parle, mais personne ne les a jamais vus », se désole Alexis, 14 ans.
Dans cette ville du sud de l'Oise, la rumeur selon laquelle le mystérieux groupe électro posséderait une maison dans la commune enfle un peu plus ces derniers jours. Car en raflant cinq récompenses aux Grammy Awards (équivalent américain des Victoires de la musique), les Daft Punk ont encore franchi un pallier et suscitent encore un peu plus la curiosité des locaux. Pour retrouver la trace du duo casqué, nous avons d'abord tenté notre chance chez David Auguste, vendeur de scooters et d'accessoires de moto installé dans le centre ville. « Désolé, ils n'ont pas acheté de casque chez moi », plaisante le commerçant. Mauvaise pioche, ou presque. Comme tout le monde, David a entendu parler de cette maison cossue que l'un des deux membres du groupe aurait achetée « il y a deux ou trois ans ». Elle se trouverait dans le quartier Sarron, sur les bords de l'Oise, à dix minutes à pied du centre-ville. « Je crois bien que gamin j'y suis même allé livrer du foin. C'est une très belle maison. »
Pour en savoir un peu plus, nous frappons à la porte de Pierre Maupin, représentant, avec son frère, d'une lignée de quatre générations d'agents immobiliers. « Les Daft quoi ? Non, ça ne me dit rien », s'excuse gentiment Pierre Maupin, qui fait mine de regagner son bureau avant de revenir sur ses pas. « À moins que, il y a un groupe de musique qui a acheté un manoir à Sarron. C'est peut-être ça. »
Bingo. Quelques minutes plus tard, nous voici devant la maison des Daft Punk. Au cœur d'un quartier résidentiel, l'imposante demeure de pierres blanches passerait presque inaperçue, cachée derrière un haut mur de pierre. L'agence Maupin a eu plusieurs fois ce bien dans son catalogue. « La dernière fois, c'était il y a environ vingt ans, se souvient l'agent immobilier. À l'époque, on l'avait vendu deux millions de francs. » Selon le professionnel, c'est une agence de Senlis qui aurait conclu l'affaire avec le duo.
Située tout près de l'église Saint-Lucien, monument historique du XI e siècle savamment conservé, la demeure ne semble guère susciter d'émoi dans le voisinage d'un quartier bien tranquille qui entend le rester. « Tant qu'ils ne font pas de bruit, cela ne me dérange pas, confie ce voisin, légèrement agacé. Ils ont sûrement envie de rester tranquilles, nous aussi. »
Après d'autres témoignages tout aussi fructueux, « connais pas », « m'intéresse pas », ou encore « m'en fous », nous orientons nos recherches vers la salle du Boxing club olympique de Pont-Saint-Maxence, également voisine du manoir. « Oui, c'est bien leur maison, confirme le responsable de la salle. On a même eu la chance de les voir ici, ils avaient l'habitude de venir saluer les gars. Malheureusement, comme la rumeur circule, ils viennent de moins en moins. »
Fâchés avec la France (ils sont en conflit avec la Sacem et refusent de participer aux Victoires de la musique), Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, la véritable identité des Daft Punk, ont fait du mystère une véritable arme marketing. À Ault, et à Pont-Saint-Maxence, certains Picards auront vécu le privilège que beaucoup leur envient : faire tomber le casque des Daft Punk.