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Leaders de demain : le modèle Daft Punk ou le triomphe de l’humilité

Publié par daftworld sur 15 Septembre 2016, 10:36am

Leaders de demain : le modèle Daft Punk ou le triomphe de l’humilité

Suite à mes différents « posts » relatifs au leadership, on me questionne très souvent sur les qualités principales que le dirigeant de demain se doit de posséder impérativement. Il en est une qui me semble fondamentale et dont on ne parle pas assez : l’humilité.

Dans mon dernier ouvrage « Leaders du troisième type », publié aux Editions Eyrolles, j’aborde ce point en particulier. Avec l’accord de l’éditeur, je partage avec vous quelques pages qui traitent de ce sujet.

Extrait du livre « Leaders du troisième type »

Je me souviens d’un soir de Décembre 2012 où j’animais une session sur le leadership dans un master spécialisé sur le campus d’HEC Paris. Le groupe ne tarissait pas de questions. Certaines reviennent du reste inlassablement : « Quelles qualités doivent posséder les leaders ? », « Comment devient-on un leader ? », « Est-ce inné ? », « Quelle différence existe-t-il entre un manager et un leader ? » D’autres sont plus spécifiques, moins courantes. L’une d’elles me revint à l’esprit : « Comment expliquer qu’il y ait autant de leaders à se laisser entrainer dans des actes immoraux, inappropriés, à la limite parfois de la légalité ? »

Nous en connaissons tous à présent la raison principale. Elle porte la marque du narcissisme. Comme nous avons pu le voir dans la seconde partie de cet ouvrage, les leaders sont en effet pour l’essentiel d’essence narcissique. Des narcissiques dominants. Des narcissiques qui peuvent être de plus « productifs » — pour le meilleur — ou « destructeurs » — pour le pire. De façon générale, les narcissiques présentent toutes les qualités requises pour diriger et inspirer les autres. Mais il arrive un moment où le succès leur monte à la tête. Incapables de maitriser leurs pulsions, de gérer leur ego, leur nombrilisme — un amour d’eux-mêmes immodéré — ils pensent que ce qui s’applique aux autres ne saurait leur être opposé. Ils considèrent avoir tous les droits eu égard à leur contribution personnelle. Tôt ou tard, ils sombrent, particulièrement lorsqu’ils sont sous les feux des projecteurs. Les raisons de leur déviance sont généralement de trois ordres : un goût excessif pour le pouvoir, l’appât du gain, un appétit sexuel démesuré. Ce n’est généralement qu’une question de temps, du moins pour la plupart d’entre eux car certains — conscients des risques encourus — parviennent à se placer eux-mêmes sous un contrôle strict.

J’avais répondu au travers de quelques exemples vécus et de tout ce que j’avais appris depuis la fameuse « révélation d’Oxford ». Mais c’est après ce cours, ce soir-là, en en quittant Jouy-en-Josas, que j’eus un nouveau déclic. Les images permettent parfois d’exprimer plus de choses que de longs développements. Je venais juste d’allumer la radio de ma voiture lorsque « Get Lucky » des Daft Punk retentit dans l’habitacle. Le titre phare — emblématique d’une génération — illumina mon esprit et me fournit une nouvelle grille de lecture. Tout me parut soudainement d’une parfaite évidence. Il fallait transposer le style « Daft Punk » [1]à l’entreprise ! Tout le monde connaît le groupe français qui caracole en tête des ventes à chaque sortie d’un album.

Dans un monde où l’image est devenue reine, où chacun joue des coudes pour être vu et reconnu, où la sur-médiatisation a pris le pas sur tout le reste, il est plutôt singulier de voir deux artistes — à la notoriété aujourd’hui mondiale — soucieux de se protéger et de garder leur indépendance, comme s’ils voulaient garder leurs rêves intacts.

Crédit image : Clod

L’idée de répliquer ce que nous pourrions appeler le modèle « Daft Punk » au monde de l’entreprise me fit tout d’abord sourire. J’imaginais tous ces cadres et dirigeants casqués en combinaison déambulant dans les couloirs des sièges sociaux à la recherche d’un leadership idéal. Et si l’humilité était finalement plus efficace que le coaching ou la technique du « fou-du-roi » pour mettre les narcissiques sous contrôle ? Si elle permettait d’éviter les débordements évoqués précédemment. La solution serait donc en chacun de nous. Ne pourrait-on pas maitriser nos pulsions internes en développant une forme d’humilité ? L’humilité comme rempart à la stupidité, à l’excès et aux actes contraires à l’intérêt général. Serait-il possible de combiner narcissisme et humilité pour un même individu ? Alors que je me rapprochais de Paris, je pensais que cela était tout simplement impossible. Et pourtant, je devais admettre que ce serait la meilleure combinaison possible. Une façon de garder les côtés bénéfiques des narcissiques sans en avoir les nuisances !

Venant du mot latin « humilitas », dérivé de « humus » signifiant la « terre », l’humilité est un trait de caractère que l’on associe rarement au leadership. Du moins pas spontanément. Il est facile d’en comprendre les raisons. Un individu faisant preuve d’humilité se voit pour ce qu’il est, avec beaucoup de réalisme. Et c’est bien entendu en totale opposition avec les narcissiques qui dominent le monde actuel et qui se considèrent généralement comme supérieurs aux autres en tous points. Ils ont une image d’eux-mêmes rarement conforme à ce qu’elle est vraiment. Il y a en eux un zeste de prétention, de suffisance ou d’arrogance. Certains parlent d’un goût exacerbé pour tout ce qui touche au grandiose. Le problème est qu’à partir d’un certain stade, cela peut relever d’une forme de pathologie.

La force de l’humilité

Gardons à l’esprit que l’humilité n’est pas une qualité innée chez les êtres humains, ce qui veut dire qu’elle s’acquiert avec le temps. Avec l’expérience, on gagne en maturité, on en sait davantage sur nous-mêmes et les autres. On se forge un caractère plus solide — tant sur le plan affectif, intellectuel que spirituel — tout en prenant conscience de notre rôle et de notre place au milieu des autres, dans l’univers, dans l’entreprise qui nous emploie, dans notre vie privée, au milieu de nos amis, de notre famille, dans notre couple. Tout en étant conscient de notre valeur, on apprend à considérer les autres et à vraiment s’intéresser à eux. Faire preuve d’humilité, c’est accepter les différences, nos propres limites et nos imperfections. Mais c’est aussi connaitre ses qualités et points de différenciation. La modestie — que l’on confond souvent avec l’humilité — n’en est qu’une représentation. L’individu faisant preuve d’humilité est donc par essence très lucide sur lui-même. Il l’est aussi sur les autres. Sa force n’en est que décuplée.

Quand le narcissique rencontre l’humilité !

Annoncée ainsi, la rencontre semble improbable. Oxymorique, cette association de traits est pourtant peut-être l’une des solutions les plus simples à la vacance actuelle de leadership. Pour contourner leurs limites, les narcissiques n’auraient peut-être qu’à développer un peu plus d’humilité. Un comportement plus humble est en réalité la condition sine qua none à l’accomplissement de grands desseins. Du moins aujourd’hui. Car les temps changent, nos repères évoluent et bien qu’il y ait un socle commun, les qualités d’hier ne sont plus exactement celles qui conviennent de nos jours. Napoléon Bonaparte — narcissique pur — n’avait probablement que peu d’humilité. Cela ne l’a pas empêché de marquer l’histoire. Mais c’était une autre époque. Il fut un empereur redouté par toutes les nations environnantes. Il fut respecté en son temps par ceux qui l’entouraient. Il serait aujourd’hui considéré comme un tyran, comme un dictateur au même titre que ceux qui ont été combattus au cours des deux dernières décennies. Notre regard et nos valeurs ne sont plus les mêmes.

Les narcissiques productifs purs peuvent réaliser de grandes choses mais rarement atteindre le stade ultime du leadership. La question qui suit est de savoir comment acquérir ce supplément d’humilité. Si pour la plupart des gens, elle se gagne avec le temps — ce qui ne présage en rien du résultat obtenu — pour les narcissiques, c’est un peu plus compliqué en ce sens qu’ils ne la recherchent pas. En effet, ces derniers n’ont aucun intérêt pour ce trait de caractère. L’humilité est généralement perçue par eux comme une faiblesse ! Il faut donc la leur enseigner. En comprenant son essence et finalement convertis à ses vertus, ils pourront devenir des leaders plus aboutis, ceux que notre société moderne appelle aujourd’hui de ses vœux.

[1] Daft Punk est un groupe français, composé de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, tous deux originaires de Paris. Spécialisés dans la musique électronique, ils lancent un style que l’on qualifie de « French touch ». Leur succès est planétaire et leurs albums font fureur. Début 2014, ils remportent cinq Grammy Awards pour l’album « Random Access Memories » sous le label Columbia Records. Mais ce qui est particulièrement intéressant est qu’ils n’apparaissent jamais à visages découverts. Sur scène, ils surgissent en costumes futuristes, casqués[2]. C’est devenu leur marque de fabrique. Ils ont crée leur propre mythe. Mais comment interpréter ce désir d’anonymat.

[2] L’inspiration viendrait du film de Brian de Palma : « Phantom of the Paradise ».

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