La 21e édition des Vieilles Charrues s’ouvrait hier à Carhaix, en Bretagne. Outre Sting, The Cure et Thiéfaine, l’événement accueille enfin Bob Dylan, que le festival convoitait depuis des lunes
Un fantasme, un rêve… devenu réalité. Les Vieilles Charrues, qui s’ouvrait hier et attendait plus de 200 000 personnes à Carhaix ce week-end, ont enfin décroché Bob Dylan. La légende américaine de 71 ans, dont le 35e album sortira en septembre, jouera dimanche en clôture devant près de 50 000 spectateurs. « Il y a quelques jours, je me suis levé, il pleuvait, c’était un peu la déprime et je me suis dit : On va quand même recevoir Dylan à Carhaix, c’est dingue », sourit Jean-Jacques Toux, l’un des deux programmateurs de l’événement
Cela faisait presque vingt ans que le festival courait après l’auteur des mythiques « Blowin’in the Wind » et « Like a Rolling Stone ».
Même lorsque les Charrues ne rassemblaient que quelques milliers de Bretons sur la place de la ville et que la star américaine paraissait inaccessible.
« Il a été rapidement dans notre ligne de mire, raconte Jean-Jacques Toux. On l’a toujours aimé. Cela fait partie de nos références musicales depuis l’adolescence. Et quand le festival est devenu
plus gros, il y a une dizaine d’années, nous avons régulièrement tenté de le faire venir. » Fort de ses 50 000 spectateurs quotidiens dès 1998, le festival pouvait alors envisager de recevoir Bob
Dylan. « A chaque rentrée en septembre, on faisait une offre financière à son agent anglais pour l’été suivant, se souvient Jean-Jacques Toux, et à chaque fois, il y avait quelque chose qui
n’allait pas. Soit il donnait des concerts en juin et en août mais pas en juillet, soit il s’arrêtait le 15 juillet alors que les Charrues étaient le 20. C’était presque devenu un gag. »
Les Charrues ont réussi un joli coup
Jusqu’à ce ce que, cette année, l’emploi du temps de Dylan et le calendrier du festival soient enfin compatibles. « Quand on a annoncé la bonne nouvelle, les Bretons étaient contents de savoir
que Dylan venait chez eux. Mais ils étaient aussi contents pour nous. Dans la rue à Carhaix on nous disait : Vous l’avez eu! »
Après avoir déboursé près de 1 M€ pour s’offrir Bruce Springsteen en 2009 ou Muse en 2010, le festival avait de quoi se payer Dylan, qui demande moitié moins, autour de 400 000 €. « A Paris, il peut afficher complet dans un
Zénith, mais guère plus, tempère le programmateur de Carhaix. Je pense que chez nous, comme il est très rarement passé en Bretagne, cela va ramener largement plus de monde. »
La journée du dimanche, où il se produit, affiche d’ailleurs quasiment complet, avec 53 000 billets vendus. Et qu’importe si le public doit déchanter en découvrant sur scène un Dylan radical, pas
du genre chaleureux, prenant un malin plaisir à dynamiter ses classiques ou à aller chercher des vieilleries méconnues. « C’est vrai que c’est irrégulier, mais cela donne aussi des moments
exceptionnels, confie le Breton. La dernière fois que je l’ai vu, il n’a pas joué de guitare, est resté au clavier et c’était extraordinaire! »
Bon ou mauvais concert de Dylan, les Vieilles Charrues ont une fois de plus réussi un joli coup et en préparent d’autres. « Maintenant, on rêve de
faire venir Radiohead, Daft Punk, conclut Jean-Jacques Toux. Et puis une autre légende… Neil Young. »
source : Le Parisien