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Daftworld

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Bienvenue sur le blog du plus grand fan Officiel de DAFT PUNK !!!


Savant des Rimes aime Daft Punk

Publié par daftworld sur 17 Février 2011, 20:31pm

Catégories : #Les artistes autour des DAFT PUNK

 

S’il aime se faire discret sur la toile, Savant des Rimes sait aussi se montrer disponible. Alors que son année 2011 promet d’être chargée, il nous a accordé un entretien en forme de retour sur le passé et de projection vers l’avenir avant que le vent de la réussite ne l’emporte.

Tu as signé chez Nouvelle Donne en quelle année ?
J’ai signé en 2005 et je les ai quittés en 2009-2010. Je suis resté bloqué là-bas 4-5 ans.

 

Bloqué, carrément ?
Oui, bloqué bloqué ! Ce qui fait qu’entre temps, j’ai fait mes tournées européennes puisque j’avais un contrat qui n’était valable que sur le territoire français et j’en ai profité pour peaufiner mes lives. C’est pour ça aussi que je monte avec des musiciens sur scène, j’essaie d’apporter quelque chose de nouveau. C’est aussi ce qui m’a permis de travailler avec Mathéos (ancien manager de Booba, ndlr), c’était l’un de ses critères : le live.

 

Donc, tu as changé de label récemment ?
Non, je suis en indépendant. Avec un grand de mon quartier, on a ouvert un label qui s’appelle Block Out Music et je suis artiste au sein de cette structure. Et si demain, il y a un jeune artiste, j’en serai producteur.

 

C’est mieux pour toi ?
Oui, c’est mieux. Tu n’as besoin d’attendre personne, tu fais tes trucs. Tu as ton numéro de SIREP, tu fais ce que tu as à faire.

 

Et tu gagnes plus aussi ?
Oui, tu prends plus d’argent mais tu en dépenses beaucoup plus aussi. Avant de prendre du plaisir et de l’argent, tu ne dors pas quelques nuits. Mais tu es plus acteur de ce que tu fais, tu vis mieux ton projet.

 

Tu es moins quelqu’un qu’on déplace et à qui l’on dit quoi faire ?
Surtout, tu n’écoutes personne d’autre que ton propre cœur. Je ne suis pas un guignol ni un pantin.

 

D’où vient ton pseudo ?
Ce sont les gens qui me l’ont donné, en fait. A la base, je voulais m’appeler Pacha des Rimes. Mais, aux Tarterets il y avait un grand qui s’appelait Pacha 12. J’ai vite compris qu’il ne servait à rien de choisir un nom déjà pris. À l’époque, je me prenais la tête sur mes écrits, j’arrivais à enchainer les rimes et sans vouloir paraître prétentieux, j’écrivais d’une manière que personne n’égalait. Et on me disait tout le temps « tu te prends pour un savant des rimes ou quoi ? » parce que j’arrivais à allier le flow aux lyrics. Aujourd’hui en France, tu as soit l’un soit l’autre. Alors qu’aux USA, t’as des mecs comme Jay-Z, Talib Kweli ou encore Ludacriss qui ont les deux.

 

Donc, il n’y a aucun jeu de mots entre « savant » et « ça vend » ?
Non, aucun. D’ailleurs, la plupart des mecs qui essaient d’être drôles avec ça ne le sont pas.

 

Tu as commencé le rap à quel âge ?
Pendant la coupe du Monde 2002. Je commençais à écrire et on m’a invité sur ma première mixtape. A partir de ce moment-là, je me suis dit : « tu fais du rap, tu veux vivre du rap, tu aimes ça. Il y a des choses concrètes qui sont devant toi. Let’s go ! » J’avais 18 ans.

 

Et tu écoutais du rap avant cette révélation ?
Pas du tout, je n’écoute que très peu de rap en fait. Je m’y connais en rap parce que j’ai beaucoup de gens autour de moi mais j’en écoute très peu. J’écoute beaucoup de musique turque, de rock, du jazz, de la soul.

 

Et quelles sont tes références dans le rap français ?
Akhenaton, Booba et Disiz. Mais avant tout, Ill des X-Men.

 

Tu comptes aller voir le concert d’IAM à la Défense le 18 Mars ?
Non. Je sais ce qu’ils font sur scène, j’ai fait une tournée avec Freeman et ils ne me font pas rêver. Je préfère les écouter dans ma caisse, dans ma chambre ou sur mon iPod.

Y a un rappeur français que tu voudrais voir en concert ?
Sincèrement, personne.

 

Donc, il n’y aura pas d’invité sur tes dates ?
Ça dépend. Pour l’instant, je fais zéro featurings. Je refuse de poser à droite à gauche parce qu’aujourd’hui, les featurings n’ont pas de sens. Quand tu invites quelqu’un, c’est parce qu’il est à la mode, que ça fait bien. C’est pour dire « J’ai posé avec Rohff, Booba ou La Fouine ». Finalement demain si tu réussis, tu réussiras parce que tu es bon. Si demain, on met sur Booska-P Savant des Rimes feat Rohff, les gens n’écouteront même pas mon couplet, ils iront directement sur Rohff. Je veux réussir grâce à moi, ne pas passer pour le petit d’untel ou le pistonné d’untel.

Pourtant, tu avais plein de featurings sur ton premier album « J’attends mon heure ».
Effectivement mais la démarche était différente. On a posé sur des beats cainris, je n’avais pris que quelques beats originaux pour pouvoir tourner en radio. D’ailleurs, j’étais entré en playlist sur Skyrock et Générations. Mais si j’ai pris autant de collaborations, c’est que je n’avais pas les épaules pour faire un album entier. D’ailleurs, Nouvelle Donne m’a proposé un album peu après, j’ai répondu sincèrement que je n’en étais pas capable.

C’est bien de le reconnaître.
Tu sais, aujourd’hui il y a tellement de mecs dont la carrière ne ressemble à rien. On a l’impression que c’est facile de faire du rap. Ce n’est pas facile, man ! Et ceux qui te disent que c’est facile parce qu’ils arrivent à accrocher le single, ils y arrivent grâce au marketing, grâce au buzz mais ils ne durent pas plus de deux ans. Les vrais reconnaissent les vrais. Le rap, c’est un job ! Si j’ai rendez-vous à 15h, je suis là à 14h59. Tu ne me verras pas faire la star. C’est mon boulot et un boulot tu le fais sérieusement. Tu découpes, tu travailles les flows, tu te demandes « qu’est-ce que je vais apporter musicalement ? ». C’est de la musique ! Aujourd’hui, parle de notes, parle de do ré mi fa sol à un autre rappeur. Qui va te répondre quoi ? Sans les sous-estimer, bien sur.

 

Quel artiste (pas forcément rap) aimerais-tu avoir sur ton prochain album ?
J’ai déjà des noms. C’est déjà bien avancé avec Zazie, Mylène Farmer, Ben l’Oncle Soul. Il y avait Booba mais c’est compromis et il y a Akhenaton. Après, tout dépendra des sons et de l’alchimie, c’est le feeling qui parle.

 

En parlant de Ben, tu as écouté son album ?
Non, pour la simple et bonne raison que je connaissais tous les titres avant qu’ils sortent. Il est très fort mais ce qui me fait rire, c’est que dans le milieu soul, tout le monde dit : « Non, il n’est pas fort » mais il faut arrêter les jalousies ! Il est fort, point.

Surtout qu’il est double disque de platine.
Ce n’est pas une question de chiffres. Un exemple : il y a quelques années, des rappeurs ont sorti un single qui s’est écoule à 600.000 exemplaires. Ils ont vendu plus que des Mokless, des Flynt. Mais on leur a demandé de faire un deuxième morceau, ils en étaient incapables. Ils ne savent pas rapper, les mecs !

Mais dans le cas de Ben, c’est l’album qui a tapé le platine.
Dans ce cas là, on est d’accord. Mais ce que je veux dire, c’est que les chiffres ne me parlent pas. C’est le marketing qui fait vendre un album. C’est une règle qui a été mise en place et tout le monde la suit.

Faire des concerts dans toute l’Europe, ça doit te donner un autre point de vue.
C’est sur. Le public ne comprend pas ce que je dis mais les mecs sont dans le flow, l’attitude et le swagg. C’est totalement différent. Et pourtant, on est le deuxième marché mondial sur le hip-hop.

Dans le même ordre d’idée, quand on regarde les vidéos de NTM, IAM etc. sur Youtube, on trouve beaucoup de commentaires en anglais et en espagnol de gens qui apprécient le son.
Exactement. Puisqu’on parle d’image, regarde aux Etats-Unis : un mec comme Talib Kweli existe uniquement par son rap. Les gens s’en foutent qu’il soit moche ou beau. C’est le même schéma pour Jay-Z. Il est moche mais il fait du très bon son ! Les gens savent respecter ça.

 

Tu penses partir de la France ?
Pour des raisons différentes. J’ai envie que mes enfants grandissent dans un autre environnement que celui-là. Si j’ai la chance de réussir grâce à ma musique, j’émigrerai surement vers l’Europe de l’Est ou la Scandinavie et je reviendrai ici pour le business. Attention, je suis fier d’être français, j’adore mon pays ! Moi, je m’y sens bien parce que je ne suis pas en danger mais quand mes enfants vont aller au collège et au lycée, je ne serai pas bien.

 

C’est donc par rapport au contexte actuel ?
Bien sur mais le contexte actuel n’est que le présage du contexte futur.

 

Est-ce que ta discrétion dans le paysage médiatique est voulue ?
J’aime me faire rare. Mon rêve serait de faire de la musique sans être célèbre, comme les Daft Punk. De source officielle, tu trouves peu de choses sur moi sur Internet mais ce qui fait plaisir, c’est qu’il y a plein de sites de fan. C’est ce qui me pousse à continuer le rap. Pareillement, dès que je sors de concerts, d’interviews ou de radios, il y a des gens qui viennent me voir pour me proposer une collaboration. Ils ne viennent pas juste pour me dire qu’ils ont apprécié, ils veulent mon numéro pour que l’on bosse ensemble. Quand tu fais un couplet dans un concert, les gens s’en foutent normalement. Mais quand sur une salle de 150 personnes, il y en a 75 qui m’arrêtent à la sortie, ce n’est surement pas un hasard. Je me dis donc que j’ai peut-être un peu de talent. Et quand tu es managé par le meilleur manager du rap français, c’est qu’il y a surement une raison aussi.

Tu as certainement un public très diversifié aussi.
Ecoute, j’ai un génie en webmaster, il arrive à voir d’où viennent les connexions. Il y en a en République Tchèque, en Espagne, en Afrique mec ! Au bout d’un moment, on finit par se rendre compte que ce n’est pas du hasard, que les gens apprécient et hors de nos frontières aussi.

C’est la reconnaissance.
Exactement. A la base, j’ai fait du rap pour être reconnu pas pour être connu.

 

Ça devrait être le credo de tous les artistes, non ?
Je ne sais pas, je ne pense pas être un exemple. On fait de la musique pour soi mais il faut bien vivre aussi.

 

Tu es chapeauté depuis peu par l’ancien manager de Booba donc. Est-ce lui qui t’a contacté ?
Tout s’est fait au feeling via une connaissance commune. On s’est rencontré, je lui ai fait écouter mes sons puis on s’est mis d’accord.

On peut présumer que s’il passe de Booba à toi, c’est qu’il croit énormément en ton potentiel.
Je pense qu’il maîtrise tellement le sujet qu’il sait exactement ce qu’il fait, avec qui il le fait. Connaître un milieu, c’est une chose et le maîtriser en est une autre.

 

Et tu as une tournée de prévue ?
On ne peut pas appeler ça une tournée. C’est une succession de dates en France comme à l’étranger.

 

Quand on bouge beaucoup, comment on gère l’inspiration ?
J’ai un BlackBerry. Ça permet de tout noter, c’est très pratique.

 

Les thèmes que tu abordes dans tes chansons, ils sont préparés ?
Non, c’est l’instru qui me guide. Après, il est certain que j’arrive en studio avec des idées en tête mais ce qui prime, c’est ce qui me vient en entendant l’instrumental. J’ai un entourage de personnes qui approchent la quarantaine et qui sont matures. J’aime beaucoup discuter avec ces gens ce qui fait que mes thèmes se développent au fur et à mesure. Des fois, le déclic se produit car je me dis « tiens, sur ce son, je pourrais parler de ça. »

 

Est-ce qu’il existe un thème que tu aimerais aborder mais que tu n’arrives pas à traiter ?
Il y avait la paix mais c’est fait depuis peu. Il y en a un autre aussi, je prends des notes mais je ne sais pas ce que ça va donner. Ce serait une autobiographie.

 

D’accord. Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de t’inspirer d’autres artistes sur certains sons ?
Pas du tout, non. Pourquoi ?

La double piste Peacefull me faisait penser à Mon Rap Est… de Philémon.
Philémon ? Non, pas du tout. Pourtant, j’ai appris que Philémon me citait dans ses textes mais vraiment pas du tout. Comme j’ai dit plus haut, j’écoute très peu de rap alors je n’ai pas écouté ses projets. Attention, je le respecte beaucoup et je le connais très bien.

 

Mais est-ce qu’il est possible que tes beat-makers s’inspirent d’autrui ? Vous en parlez ensemble ?
Ma démarche est la suivante, je n’interviens dans aucune création artistique. Ça me correspond, tant mieux. Ça ne me correspond pas, tant pis. Mais je n’essaierai pas d’influencer les gens.

 

Sur un morceau comme « Ne me demande pas », on peut t’entendre chanter. Est-ce que la chanson française serait une option pour l’avenir ?
C’est mon rêve mais je n’ai pas le niveau. Alors oui, je fais des refrains chantés mais je pense n’avoir pas le niveau. Mais tu n’es pas à l’abri que j’essaie hein ! J’avais fait un morceau blues mais ce n’est pas agréable à entendre, mec ! Mon manager m’a dit que ce n’était pas trop mal, le chant est juste, les paroles sont bien écrites mais ce n’est pas agréable à entendre.

 

Puisqu’on parle d’écriture, on t’a déjà proposé d’écrire pour les autres ?
Il y a beaucoup de singles que tu as déjà entendu que j’ai écrit. Mais je n’ai pas le droit de les citer. Ça va dans tous les domaines : soul, rap, r&b et même le zouk.

 

Ton morceau « Être humain » qu’on trouve sur la version européenne de « A bientôt » a disparu sur la version française. Il y a une raison ? C’était quand même un très beau morceau.
Je suis très en colère, il n’aurait jamais dû être sur ce cd. Il sera sur le prochain album. C’est mon meilleur morceau. Quand je le joue en concert, ça fait péter des plombs. Quoiqu’il arrive, je n’écrirai jamais un meilleur morceau. Pour le public, peut-être qu’ils trouvent que certains sons sont meilleurs mais pour moi, ce sera toujours le top.

Tu avais eu un prix en Allemagne justement.
Non, en Autriche. Le prix Nobel de l’écriture concernant la paix. Mais je ne m’en vante pas.

 

En chanson française, qu’est ce que tu écoutes le plus ?
Aznavour ! Avec Brel, ils sont au-dessus du lot. J’aime beaucoup Gainsbourg aussi. Mais Brel dans l’interprétation, il est très fort.

D’ailleurs, on appelle Oxmo le Black Jacques Brel.
Il ne faut pas abuser non plus. Oxmo, j’admets qu’il est super fort mais je trouve qu’on en fait trop. On essaie de trouver des idoles, des icônes mais… Attention, il est très fort Oxmo ! Il faut que je fasse très attention à ce que je dis. Même sans parler d’Oxmo, il y a des mecs qu’on met à des places, c’est exagéré ! Le jour où un mec arrive avec un niveau de dingue, là il sera à sa place. Oxmo est super fort, il est au-dessus du rap français mais qu’on arrête avec le black Jacques Brel, il n’y a qu’un seul Jacques Brel.

 

Tout ce qui est punchline, ça vient comment ? Est-ce que c’est des phrases que tu notes en te disant que tu les replaceras plus tard dans un morceau ?
Tout vient au feeling, en studio.

Tu suis un peu Oxmo qui avait enregistré tout un album en entrant dans la cabine, sans écriture préalable.
C’est le meilleur parce que tu trouves des flows, des lyrics totalement différents. Grâce à la spontanéité.

 

Si je te cite deux punchlines, « J’obtiens de l’encre en mélangeant le cyanure et du goudron » et « Le diable ne fera jamais de moi sa victime / Appelle-moi Michel-Ange en train de peindre la Chapelle Sixtine », elles sont toutes les deux écrites au feeling ?
Exactement.

Pourtant, elles sont très littéraires.
Avec un bac Littéraire et une licence de philosophie, j’espère qu’elles sont littéraires. Sinon, qu’est-ce que tu as pensé de « A Bientôt » ?

Déjà, j’ai préféré la version française et de très loin.
Ok, je vais t’annoncer un truc. La version européenne n’est pas une version que j’assume. J’avais laissé un cd de maquettes à un producteur que j’avais rencontré donc ce que tu entends sur ce cd, ce ne sont que les maquettes. Ça ne sonne que parce qu’il y a eu à la composition, le mec qui a travaillé sur Batman Begins et The Dark Night. Donc okay, c’est bien mixé mais c’est de la merde ! J’ai honte, j’ai tourné avec, j’ai même marché avec ! J’ai honte ! Le « A Bientôt » français est bien meilleur et personne ne le calcule ! Comme quoi, faire de la merde ça marche.

 

Est-ce que tu serais heureux d’être considéré comme un représentant de la communauté turque en France ?
Si je te dis que non, c’est hypocrite. Et si je te réponds oui, ce n’est pas sincère. C’est la seule réponse que je peux te donner.

 

Tu es dans l’entre-deux donc.
Mais c’est parce que c’est naturel. C’est moi. Je suis turc. Mais je ne veux pas être un porte-parole. Pourtant, mon morceau Tk-Mc fait le tour des universités en Turquie. Un jour, des professeurs ont appelés chez moi et ils ont dit à mes parents en rigolant : « On a vu un mec qui ressemble à votre fils, il fait du rap. » Mon père leur demande comment il s’appelle et ils lui répondent : « Savant des Rimes. » Mon père rigole et il leur dit que je suis son fils. Et ils disent : « mais non, son morceau tourne partout ici ! ». Du coup, on va sortir une version pour la Turquie.

 

Puisqu’on parle de Turquie, il me semble que Nouvelle Donne t’avait pas mal fait tourner en Allemagne non ?
Que dalle ! Rien du tout ! J’ai tout fait moi-même avec un label allemand. Nouvelle Donne m’a juste permis de faire les premières parties de Nessbeal, Booba et Youssoupha. Donc presque rien.

 

Dans le même ordre d’idées, est-ce que tu te sens représentant du 91 ?
Bien sur, naturellement ! Tout le 91. Mais je ne veux pas être sectorisé, j’aimerais être le rappeur de tout le monde.

Sur « J’Attends mon Heure », c’est flagrant quand même.
Ah oui. A l’époque, j’ai refusé Tandem juste parce qu’ils venaient du 93. Tous les featurings était soit du 91, soit hors Ile-de-France.

 

Tu as dû entendre parler de ce projet visant à supprimer la notion de département. Tu en penses quoi ?
Si ça les amuse, pourquoi pas ? Après ce n’est pas forcément con. Mais je n’ai pas envie d’être catalogué 91. Quand j’irai à Marseille, Toulouse ou Lille, je ne veux pas être à l’extérieur. Après tout, le rap vient de la Jamaïque et des Etats-Unis. Donc quand je suis à l’étranger, je ne suis pas un rappeur du 91 mais un rappeur français.

 

Tu retiens quoi de l’année 2010 ?
Année pleine d’espoirs et avant tout pleine de désillusions. Il n’y a que le décor qui change, le reste ne bouge pas.

 

Et de l’année rap ?
Rapologiquement, qui m’a fait rêver en 2010 ? Nicki Minaj ! J’ai découvert Drake aussi.

Il y a eu la Sexion d’Assaut puis la polémique Sexion d’Assaut.
Ah ! Ils ont été forts. Et dire derrière qu’on ne sait pas ce que ça veut dire le mot homophobie, (il applaudit) je tire ma casquette. Il faut se dire : ils sont sept dans le groupe et il y a un manager. A la rigueur, il y en a un qui ne sait pas. Mais il n’y en a pas un pour rattraper l’autre ? Après je ne suis pas là pour cracher sur eux, ils sont forts attention !

 

Pour rester dans le côté polémique, tu penses quoi d’Eric Zemmour et de ses propos sur l’analphabétisme des rappeurs ?
Il a raison. Eric Zemmour, il nous met tous à l’amende. Il n’y a que Abd-Al Malik et Akhenaton qui peuvent rivaliser. Mais il le sait très bien que nous ne sommes pas analphabètes, il a des amis rappeurs et il est même fan de certains rappeurs. C’est juste de la publicité, de la promotion. Il ne le pense pas. Si j’en parle plus, je lui fais du buzz à ce mec. Il a raison, fin de l’histoire. Qu’il reste dans son monde.

 

Tu fais des premières parties par rapport à tes préférences musicales ?
Oui. Et si tu me mets 10.000 € sur la table.

 

Donc si on te propose les Black Eyed Peas au Stade de France ?
Si je suis payé, j’y vais. Mec, j’ai besoin de vivre ! C’est un job, je ne le fais pas forcément toujours avec plaisir mais je le fais. Etre artiste, ce n’est pas le paradis c’est l’enfer. Le paradis, ce sont les Etats-Unis : là-bas quand t’es signé, tu peux appeler ta mère et lui dire « Maman, arrête de travailler ». En France quand tu signes, tu dois charbonner deux ou trois fois plus.

 

C’est un peu le syndrome Sexion d’Assaut qui ne marche pas avec une très bonne street-tape et qui pète le score avec un album très commercial.
Exactement et c’est même un piège pour eux. Ils vont avoir du mal à s’en sortir financièrement. Mais attention, ils sont forts. Maître Gims, c’est très très fort ! Black M dans l’attitude, faut qu’il termine acteur ce mec là !

 

Est-ce qu’il est facile d’assumer le statut de rappeur en France en 2011 ?
Je ne dis pas que je suis rappeur, je suis surveillant. Pourquoi je dirais que je suis rappeur alors que ce qui me fait vivre, c’est mon métier de surveillant ? Si demain je gagne ma vie grâce à ma musique, je dirai que je suis rappeur. Ou plutôt que je suis artiste.

 

Tu n’as pas peur du regard des gens ?
Mec, c’est un honneur ! De pouvoir dire que je suis rappeur, ce serait un putain d’honneur ! C’est mon rêve. Qu’on me dise « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?» et que je réponde que je rappe. C’est mon rêve.

 

Tu penses quoi de l’image que les gens ont du rap en France ?
Je les emmerde. Ils ont des préjugés sur les rappeurs, les turcs, les noirs, les skins, les arabes, la tecktonik. Mec, chacun a son truc. Chacun a sa phobie, chacun a son rejet.

 

Tu trouves normal qu’on ne voit jamais de rap à la télé ?
C’est faux. M6 Music Black, il n’y a que du rap. Trace Tv, que du rap. Booba fait la Star Ac’.

D’accord. Mais à part sur les chaînes ciblées, le français moyen n’a aucune chance de voir du rap à la télévision. Quand on voit que Claire Keim passe à la chanson et qu’elle est invitée partout, je ne trouve pas ça normal.
Ok mais dis-toi que ta réflexion est valable pour tous ceux qui écoutent du reggae, du métal, de la soul, du r&b etc. On ne peut pas rivaliser avec la variété, c’est impossible.

 

Très bien. Pour finir, tu te vois où l’an prochain ?
Au même endroit, en train de donner une interview. Avec peut-être un compte en banque plus blindé et avec les mêmes personnes à mes côtés.

 

source : http://lerapenfrance.fr/?p=83

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